Samedi sécurité : des malware chez le DOGE aux États-Unis, Réactions à la publication du 10/05/2025

[Paul Emploi]

On le sait, les startups américaines adorent tout casser pour mieux reconstruire. C’est leur truc : péter le jouet pour voir comment il marche, puis le remplacer par un drone autonome. Elon Musk, en bon gourou de cette religion technologique, l’a démontré avec SpaceX. Pendant qu’en Europe on s’échinait à accoucher d’une Ariane 6 (une version 5B sous stéroïdes) lui, il faisait exploser joyeusement des fusées sur son pas de tir, tout en posant les bases de la réutilisation des lanceurs. Le patron d’Arianespace, hilare, le traitait de doux illuminé. On rigolait bien. Jusqu’à ce que Musk fasse atterrir ses fusées sur une barge en mer. Là, bizarrement, c’était moins drôle.

Aujourd’hui, Elon applique la même recette, mais dans un domaine légèrement plus inflammable que les ergols cryogéniques : les données personnelles des citoyens américains. Sauf qu’ici, quand ça explose, ça ne détruit pas du métal, mais la vie privée de centaines de millions de personnes.

Dernière lubie de l’ami Elon : le DOGE (Department of Government Efficiency), une nouvelle créature bureaucratique née sous la houlette du Président Trump. Objectif officiel : rationaliser les dépenses de l’État fédéral et faire le ménage dans l’usine à gaz des agences américaines. Objectif officieux : tout casser, tout aspirer, et surtout tout "optimiser", à commencer par les garde-fous.

Le DOGE, c’est un peu le punk à chien de la cybersécurité fédérale. Il entre dans les systèmes sensibles du gouvernement comme dans un moulin, sans badge, sans préservatif et sans passer par les procédures établies. Les experts en sécurité qui ont passé vingt ans à bâtir des normes strictes ? Balayés comme de vulgaires technocrates à l’heure de l’apéro.

Et quand on dit "systèmes sensible", on parle de bases de données contenant les informations les plus intimes de chaque Américain : santé, impôts, casier judiciaire, choix de vidéo xHamster.
Rien n’est hors de portée pour le DOGE, sauf peut-être un procès du DoJ qui est lui aussi piloté par Trump. Tout est sous contrôle, donc. Littéralement.

Et le bouquet final : on apprend qu’un ingénieur du DOGE a manipulé ces données ultra-sensibles depuis un ordinateur personnel… vérolé jusqu’à l’os. Un PC qui a chopé des malwares à répétition comme un ado sur un site douteux à 2h du matin. On ignore s’il est encore infecté aujourd’hui, mais une chose est sûre : il a eu la chtouille numérique. Et plusieurs fois.

La suite ? On vous la jouera sans doute comme toujours : "Il s’agissait d’un incident isolé, toutes les mesures ont été prises, nous remercions cet ingénieur pour son dévouement." En attendant, comme chantait Brel, au suivant !

Pour moi, quoi qu'on pense de ses actions, le DOGE est un problème de sécurité nationale aux USA.

Lien vers le billet original

[linus]

Le patron d’Arianespace, hilare, le traitait de doux illuminé. On rigolait bien. Jusqu’à ce que Musk fasse atterrir ses fusées sur une barge en mer.

A mon avis le patron d'Ariane a juste raisonné avec ce qu'il connaissait : des budgets très contraints. Faire atterrir des fusées c'était impossible avec ce dont il disposait. Musk a bénéficié d'un financement incroyable qu'Ariane n'aura jamais. Werner von Braun lui aussi a fait exploser des fusées à tout va tout en bénéficiant de budgets sans limites et de main d'oeuvre pléthorique (quasi gratuite) pour réaliser son V2. Quand on donne aux gens la possibilité de se tromper et d'essayer et essayer encore, il est possible de réussir l'impossible. Quand les budgets sont chiches et les essais réduits à un seul, l'exploit est bien plus improbable.
Oui SpaceX c'est du beau travail mais j'ai tendance à penser que d'autres que Musk auraient pu également réussir s'ils avaient disposé de financements similaires. Dans le milieu scientifiques que je côtoie je constate que les projets généreusement financés (rarissime de nos jours) ont eu une forte tendance à bien mieux marcher que les autres. Etrange non ?

[MacAvantIOS]

Le patron d’Arianespace, hilare, le traitait de doux illuminé. On rigolait bien. Jusqu’à ce que Musk fasse atterrir ses fusées sur une barge en mer.

A mon avis le patron d'Ariane a juste raisonné avec ce qu'il connaissait : des budgets très contraints. Faire atterrir des fusées c'était impossible avec ce dont il disposait. Musk a bénéficié d'un financement incroyable qu'Ariane n'aura jamais. Werner von Braun lui aussi a fait exploser des fusées à tout va tout en bénéficiant de budgets sans limites et de main d'oeuvre pléthorique (quasi gratuite) pour réaliser son V2. Quand on donne aux gens la possibilité de se tromper et d'essayer et essayer encore, il est possible de réussir l'impossible. Quand les budgets sont chiches et les essais réduits à un seul, l'exploit est bien plus improbable.
Oui SpaceX c'est du beau travail mais j'ai tendance à penser que d'autres que Musk auraient pu également réussir s'ils avaient disposé de financements similaires. Dans le milieu scientifiques que je côtoie je constate que les projets généreusement financés (rarissime de nos jours) ont eu une forte tendance à bien mieux marcher que les autres. Etrange non ?

Bof... ce n'est pas ce que j'ai entendu de mes contacts au CNES et à l'ESA.

Ces 10-15 dernières années, j'ai entendu successivement
1) Musk est un clown, il ne sait pas que seul les États peuvent faire des fusées. En plus les ricains n'ont rien appris de l'échec de la Navette, ils ne comprennent pas que le réutilisable ne peut pas marcher. Qu'ils sont bêtes ces entrepreneurs !
2) OK il y arrive mais c'est parce qu'il a eu accès a des commandes publiques. C'est pas une boîte privée qui n'a que des clients privés donc ça ne compte pas. Qu'ils sont malhonnêtes ces entrepreneurs !
3) Depuis son pétage de plombs: ok peut être qu'il a techniquement réussi mais c'est un devoir moral de souhaiter la faillite de SpaceX et du Starship désormais. Qu'ils sont fachos ces entrepreneurs !

Bref, des labos de recherche aux ministères, en passant par les agences, je n'ai entendu que de l'autosatisfaction depuis le début de l'aventure SpaceX.

À chaque étape du chemin industriel, on est tellement largués derrière qu'on est persuadés d'être devant. Et le tout en donnant des leçons de physique/d'economie/de morale à des gens qui n'ont pas besoin de nous pour réussir à faire ce qu'ils veulent... Un peu triste, en réalité.

Et si la justification 4) est de pleurer qu'on avait pas assez de sous (venir dire que le Spatial n'a pas d'argent en Europe, faut oser!), eh bien soit: on passe à la victimisation. Mais pas sûr que ce soit plus constructif à long terme.

Ce message a été modifié par MacAvantIOS - 13 May 2025, 10:58.